Vie de Sens

Mon essai à la base des Glénans de Concarneau (Penfret)

Le trajet vers Concarneau

La maintenance moto, c’est important…

Avant de parler du voyage, il faut placer le contexte. Lorsque je suis revenu de Marseillan, la moto n’ayant eu aucun problème lors du trajet, j’ai été un peu complaisant avec la maintenance et n’ai pas vérifié la tension ou la lubrification de la chaîne (et pour être franc, n’ayant eu mon permis que depuis quelques mois, je ne l’avais jamais fait - terrible je sais).

C’est au moment de retourner au boulot que j’ai senti des petits accoups et des petits bruits au niveau de la chaine, qui m’ont fait jeter un coup d’oeil… et de fait, la chaine était tellement détendue qu’elle touchait presque la béquille. Comme ce n’est vraiment pas un état dans lequel on veut rouler, j’ai vite acheté quelques outils et retendu ma chaine correctement une fois rentré.

Souhaitant tout de même faire vérifier mon premier bricolage moto avant de partir, je suis passé au garage la veille de mon départ. Le réglage de tension de chaîne était correct, MAIS… “Monsieur, votre chaîne ne fera plus des milliers de kilomètres, il faudrait la changer dès que possible”. Ah… (c’était mérité)

Comme je partais le lendemain pour un voyage de 2000km, je n’allais pas avoir le temps d’attendre les pièces et/ou de reprendre rendez-vous dans un garage (même en France)… Paniquant un peu à l’idée de perdre ma chaîne sur la route et d’endommager irrémédiablement la moto du même coup, il a fallu trouver un nouveau plan: j’irais acheter toutes les pièces et les outils en route, et je trouverais bien un moment sur place pour changer le kit chaîne moi-même…

Galères sur galères…

Itinéraire approximatif suivi jusqu’à la base de Concarneau

Contrairement à mon dernier voyage, le trajet vers Concarneau a été rempli de galères…

Une fois mes affaires préparées à la hâte, me voilà parti vers Caen en ayant planifié quelques arrêts dans différents magasins (magasins de bricolage et concessionnaire Honda). Même pas 20 minutes sur la route, et voilà qu’une de mes valises latérales décide de me lacher (heureusemement juste le mécanisme de fixation supérieur, elle n’est pas tombée). Je tente de la remettre en place, mais je finis par voir que ça ne tiendra pas… Heureusement j’avais prévu des sangles supplémentaires, “juste au cas où”, ce qui m’a permis d’arrimer les deux valises solidement à la moto et de pouvoir continuer.

Plus tard, mes emplettes juste terminées du côté de Lille, je fais tomber mon téléphone par terre, cassant l’écran et perdant du même coup mon moyen de navigation… Arghh. On est samedi, en fin d’après midi et les magasins sont sur le point de fermer. Pas trop le choix, je rachète un téléphone dans le magasin le plus proche (très chanceux d’être dans une zone commerciale, puisque je n’aurais autrement pas pu trouver un magasin). Quelques rapides re-configurations plus tard (encore chanceux d’avoir pris les backups et le matériel nécessaires pour pouvoir reconfigurer mon téléphone et applications), et je repars enfin en prenant les autoroutes.

J’ai désormais dépensé énormément d’argent en outils, kit chaîne, pour un nouveau téléphone et en essence en une même journée. Comme si évidemment je n’avais pas encore eu ma dose de galères, j’arrive à la limite de dépense hebdomadaire de ma carte… et devinez où ? A un péage, juste devant la barrière. GENIAL.

Je passe le péage grâce à un peu de cash que j’avais (totalement par hasard), mais le problème reste entier; sans pouvoir payer pour de l’essence, je n’arriverai même pas à Concarneau… (l’application de la banque décide de me donner un “Oups, erreur technique 9999” quand j’essaie d’augmenter la limite de ma carte, et le call center est fermé jusque lundi). En surfant sur ma chance, j’arrive à utiliser le cash qu’il me reste pour faire un dernier plein et arriver jusqu’à Caen.

A nouveau par chance, j’avais ouvert un compte dans une autre banque, où j’avais un peu d’argent. Cela m’a permis de continuer mon voyage.

Ces galères m’auront été utiles, puisque qu’elles m’auront permis d’identifier les problèmes potentiels que je pourrais avoir en voyage, et de prendre des mesures pour que cela n’arrive plus.

Visite du Mont Saint-Michel

La deuxième journée de voyage s’est heureusement mieux déroulée que la précédente, bien que toujours teintée du stress de mes dernières galères et de l’incertitude de savoir si j’allais pouvoir arriver à destination.

J’avais néanmoins prévu d’aller voir le Mont Saint-Michel, et il aurait été dommage de s’en priver.

Le tout est assez bien organisé; le parking gigantesque est éloigné et est camouflé derrière des digues, de sorte qu’il ne pollue pas le paysage, et des navettes vont et viennent au Mont Saint-Michel suffisamment souvent pour qu’on n’attende jamais longtemps avant d’y aller. Le parking est payant (la navette est comprise avec le ticket de parking), mais au final c’est un grand point positif que les touristes ne puisse pas se garer n’importe où / n’importe comment.

Mont Saint-Michel (1)

Mont Saint-Michel (2)

Mont Saint-Michel (3)

Traversée vers Penfret et premier jour

Arrivé malgré moi une bonne heure et demie à l’avance, j’ai eu l’occasion de donner un petit coup de main à la préparation des provisions de la semaine. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la logistique est à une toute autre échelle que les “petites courses” qu’il était possible de faire en pickup à Marseillan. Ici, on part directement sur plusieurs grosses caisses et glacières, chargées en transpalette sur un camion, et déposées sur le petit bateau de pêche des Glénans, “l’Archipel”, avec une grue. L’opération est répétée plusieurs fois par semaine pour approvisionner toutes les îles des Glénans.

C’est en profitant du voyage de l’Archipel vers les îles que je suis parti pour Penfret, accompagné des autres bénévoles et moniteurs pour la semaine. Les conditions étaient très bonnes, le voyage a duré environ 2h30 entre le port de Concarneau et l’arrivée au mouillage près de Penfret.

Voyage de l’Archipel vers les îles

Arrivée de l’Archipel près de Penfret

Et oui ! Il n’y a pas de pontons sur les îles, c’est bien à un mouillage que s’est arrêté notre transport. La suite, en ce compris tous les vivres chargés à Concarneau, c’est dans une barge assez spéciale (sorte de remorque flottante appelée “cadillac”) qu’elles ont été transportées. Le reste s’est fait en tracteur jusqu’au site de “Village”, seul site de Penfret ouvert pour l’instant.

Débarquement de l’Archipel sur Penfret

Sortie de la “Cadillac” de l’eau

Première semaine à Penfret: le baptême du feu

Pour cette première semaine à Penfret, nous étions 4 Maîtres de Maison (MdM) prévus. Deux étaient expérimentés, et deux (y compris moi) l’étaient beaucoup moins. En théorie, il fallait deux maîtres de maison par jour, de manière à pouvoir alterner un jour de “congé” et un jour de boulot. Mais comme j’étais nouveau, j’ai choisi de faire plusieurs jours d’affilée “pour que le métier rentre”.

Quelques heures après notre arrivée sur l’île et après une (très, très) brève introduction de ce qu’on allait faire, un groupe scolaire d’environ 90 enfants et leurs profs est arrivé sur l’île, portant le total de bouches à nourrir à 125. Je ne réalisais pas à quel point la tâche allait être ardue…

Avec l’aide de la “bordée” (groupe de stagiaires/enfants désignés pour effectuer les tâches du jour) à son service, le rôle du Maître de Maison est de s’assurer que les repas soient servis chauds et à l’heure, ainsi que de maintenir la propreté de la cuisine et des installations sanitaires. Il a également quelques autres responsabilités annexes, comme vérifier la température des frigos, garder des échantillons de chaque repas et remplir une fiche journalière.

Voici une idée de ses tâches au cours de la journée (les heures peuvent ne pas être exactes).

Je dois avouer que je n’ai pas été à la hauteur de la tâche pendant cette semaine. Je sais à peine me cuisiner des pâtes, donc cuisiner à l’oeil (sans balance ou doseur) et improviser avec ce qu’on a sans pouvoir se reposer sur une recette, a fortiori pour 125 personnes et avec un timing serré m’a complètement perdu. Je me suis reposé beaucoup sur mes collègues, qui me voyaient de temps en temps tourner en rond dans la cuisine à essayer de comprendre ce qu’il se passait. Il m’arrivait fréquemment de sauter les repas pour m’isoler dans la réserve et m’asseoir sur une chaise afin de profiter de chaque petite minute de calme possible.

En plus de l’aspect culinaire de la chose, la gestion d’un groupe d’enfants pas toujours disciplinés en cuisine ajoute à la complexité de la tâche. Au plus j’y repense, au plus je me demande comment j’ai pu arriver au bout…

Cuisine du site de “Village”

Au niveau du logement, nous étions hébergés dans des tentes de 7, sur le site de Pen Marise (à ce moment inoccupé, ce qui était top).

Il a fait beau la plupart du temps et on a reçu des couvertures pour les nuits un peu plus fraîches.

Tentes sur le site de Pen Marise

Intérieur de la tente

Principale différence avec Marseillan, c’est que le confort de la vie à terre est absent; ici les toilettes sont des structures en bois (des “cunégondes”) surplombant un trou dans le sable, et les douches se font au seau et au broc !

Vue depuis les cunégondes

Interlude - Temps de réparer la moto !

Une fois de retour à terre, je savais que j’allais avoir peu de temps pour remplacer le kit chaîne de ma moto, je m’y suis donc mis très rapidement. Mais tout d’abord et le plus important, une bonne et longue douche chaude à la base de Concarneau pour compenser toutes ces journées à être collant de sueur et imprégné de toutes les odeurs de la cuisine. Quel plaisir !

Au niveau des réparations de la moto, un imprévu est à nouveau apparu; au moment de remettre la nouvelle chaîne, je me suis rendu compte qu’elle était en fait trop longue de deux maillons. Complètement normal selon le manuel constructeur, il suffit juste de la raccourcir en retirant un rivet à l’aide d’une meuleuse.

La meuleuse ne faisait pas partie de ma caisse à outils, j’ai donc mis en pause la réparation puis emporté la chaîne avec moi lors de la deuxième semaine, pour la raccourcir à l’atelier de Penfret dès que j’en aurais l’occasion.

Réparation de la moto

Deuxième semaine à Penfret: Tiens? On est passés en mode facile ?

Avec de la pluie et beaucoup de vent, le retour à Penfret a été plus mouvementé que la semaine précédente. Avec les nouveaux bénévoles de la semaine, nous sommes arrivés trempés jusqu’aux os ! Cela a participé à arrêter dans leur élan deux jeunes filles qui étaient venues faire un essai BOC, mais qui ont décidé de rentrer immédiatement après être arrivées sur l’île…

Les jeunes stagiaires sont arrivés un peu plus tard grâce à une “vedette de l’Odet”, les pauvres ont été la moitié à dégobiller sur le pont et par dessus bord. Ils n’en menaient pas large quand ils sont arrivés.

Heureusement la deuxième semaine a été plus calme et plus confortable. Grâce au nombre réduit (40 personnes total), les moniteurs et les bénévoles ont pu dormir dans le dortoir au dessus du réfectoire (“Monoland”), et nous mangions à l’intérieur.

En cuisine, je savais désormais comment organiser les choses, et je souriais tout seul, tellement la tâche me semblait facile en comparaison avec la semaine dernière. Nous avions réellement un jour sur deux en “off” durant lesquels j’aimais prendre mon temps et compléter mes différentes tâches (en ce compris raccourcir ma chaîne de moto). J’ai même pu naviguer un peu en catamaran à l’occasion d’un convoyage entre deux îles !

Lors de mon dernier jour “off” le vendredi, avant mon départ anticipé (car mon essai à Paimpol commençait le samedi à 08h00), j’en ai profité pour faire le tour de l’île. Et qu’est-ce que l’endroit est magnifique !

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

“Paysage de Penfret”

Départ et bilan

“Départ de l’ïle de Penfret en Archipel”

Départ de Penfret

Je suis parti le vendredi vers 14h00 grâce à l’Archipel, et suis arrivé dans le courant de l’après-midi à Concarneau. J’ai réussi à réparer la moto et à préparer mes affaires pour pouvoir partir le lendemain très tôt dans la matinée vers Paimpol (sans avoir pu dormir, malheureusement).

Bilan

Je pense que si mon essai n’avait duré qu’une semaine, et que cette semaine avait été ma première semaine à Penfret, je n’y aurais probablement jamais reposé les pieds.

Contrairement à la base de Marseillan, où j’ai pu rencontrer les stagiaires (adultes), les BOCs et où j’ai pu sentir une chaleur humaine, mon essai en tant que Maître de Maison à Penfret ne m’aura pas permis de rencontrer beaucoup de monde et ne m’aura rien appris sur le plan nautique (ce n’était pas le but mais…).

J’ai néanmoins senti un certain accomplissement en ayant “survécu” à ces deux semaines de travail, et devoir jongler avec la réparation de ma moto m’a donné un “thrill” qui ne m’a jamais donné l’impression de m’ennuyer. Malgré la difficulté, le contexte de vie (sur une île, “à la dure”) m’a réellement donné l’impression d’avoir débuté l’Aventure, ce qui est pile ce que je cherchais.

J’ai eu le sentiment que je n’avais pas fait le tour, et qu’il restait encore quelques secrets à découvrir sur ces îles…

#Glénans #Voile #Navigation #Moto